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Antarctique

Traversée du passage de Drake


En mer, samedi 17 février 2001

Laurie Dexter avait raison hier soir. Le bateau s'est mis à bouger et à bouger, une horreur ! Le haut-parleur de la chambre ne cesse de répéter le nom de Mike, le paramédics. J'espère qu'il ne sent pas la houle, lui, car il doit avoir un sacré boulot. Le réveil a été pour le moins sec et presque militaire. Juan Kratzmaier ne nous a pas ménagés. A travers le haut-parleur de notre chambre il a énoncé fermement qu'il était 7h30 du matin et que le déjeuner allait être servi pour 8h00. Il ne doit pas avoir bien dormi ! Bien décidé, je me suis levé. J'ai senti que la moquette, sous mes pieds, se donnait des airs de valse joyeuse. Ne faisant pas cas de ce qui me paraissait être un détail, je me suis approché de la salle de bain, me tenant à tout ce qui était possible. Le bateau bouge vraiment ! Il nous fait du roulis ! Mes affaires passent leur temps à aller et venir d'un côté à l'autre de la cabine. Pas question de faire pipi debout ! J'ai essayé de me doucher, mais il fallait viser le filet d'eau !

Je ne me suis pas senti d'aplomb et je suis retourné au lit après m'être "douché". J'ai failli vomir. Terry, blanc comme une tomme de chèvre, me dit "j'ai aussi essayé, je ne me sens pas bien non-plus". Il n'a pas l'air en forme. Je me suis soudainement senti tellement mal que j'ai eu l'impression, en voyant Terry, de me regarder dans un miroir. Je suis resté couché sur le ventre quelques minutes et tout est rentré dans l'ordre.

Couché, c'est presque parfait. Le bateau a beau bouger dans tous les sens et nous faire sentir les vagues de 7 à 8 mètres que nous traversons, je me sens plus ou moins à l'aise. Impossible pourtant de me lever. J'ai tenté une deuxième expérience, mais j'ai dû à nouveau revenir en urgence au lit. J'ai risqué, d'ailleurs, de m'encastrer dans la parois de la cabine, suite a une vague un peu plus chahutée. C'est impressionnant de sentir la puissance de la mer lorsqu'elle frappe la coque du Mariya Yermolova. Les coups sont terribles et font trembler tout le navire. Quand on pense à ces aventuriers du début du siècle qui se lançaient dans des expéditions avec des bateaux en bois, on ne peut que leur rendre hommage et saluer leur courage. Même si le bateau fait des bruits inquiétants par moments, j'ai malgré tout confiance. On a l'impression qu'il va se partager en deux, pourtant je n'ai pas peur. C'est peut-être que je ne veux pas y penser, pas y réfléchir. Une situation d'urgence dans une mer aussi démontée serait pourtant la fin. Nos canots de sauvetage ne nous seraient pas de grand secours. Les vagues énormes, l'eau glaciale et les vents à 80 km/h auraient tôt fait de tout faire disparaître.

Terry, qui a l'air d'un aventurier au long cours, avec sa barbe et ses cheveux blancs, s'est lancé dans une expédition cette après-midi. Nous avions trop faim et nous ne pouvions pas nous lever. Terry s'en est allé, disant qu'il se sentait soudainement d'attaque. Il est revenu une bonne heure après, deux sachets à la main et blanc comme un linge. " I don't know what happened, but I suddenly fell bad in the corridors...!". Bref, a l'image du 90 pour-cent des passagers nous sommes coincés dans notre cabine. Il m'a quand même ramené quelques cookies pêchés à l'arrachée dans la salle de lecture.

Le soir venu, un des membres de l'équipage, un russe, qui s'occupe de notre cabine, a frappé à notre porte. Il nous a demandé, dans un anglais a découper a la faucille, si nous avions faim. Terry, de son air peu sociable a exigé de la viande, des fruits, "whatever, but meat! ...". Le russe semble ne pas bien comprendre l'anglais, mais il nous a quand même ramené de quoi nous sustenter. Vraiment sympa le gars. Il nous a ramené du rôti de boeuf avec sauce et purée ! Je ne sais pas comment il a fait pour traverser le pont avec ses assiettes, mais il doit avoir un sacré talent d'équilibriste ! Je suis étonné d'avoir pu manger quelque chose, après avoir été balancé dans tous les sens. Je commence à comprendre pourquoi les organisateurs appellent ça une "expédition" en Antarctique.

J'ai bien fait quelques tentatives pour me lever. Les présentations proposées par les membres de l'équipe paraissent des plus alléchantes. On y parle de la géographie, de la faune du continent, mais aussi, une équipe de photographes professionnels présente ses travaux. Tous les présentateurs sont des scientifiques reconnus et des aventuriers au long cours. Rien à faire, j'ai dû rester couché !

 

En mer, dimanche 18 février 2001

Quelle nuit ! le bateau bouge toujours autant ! Le hublot de la cabine est sans cesse lavé par des vagues monstrueuses ! C'est superbe à voir ! J'ai l'impression de faire du sous-marin, par moments. Je n'ai toujours pas réussi à atteindre la salle de bain, si ce n'est pour un pipi rapide. Je me laverai un autre jour ! J'ai une faim de loup et comme hier matin, le haut-parleur a hurlé que c'était 7h30 du matin et que le petit-déjeuner était prêt pour 8h00. Rien à faire, ce n'est pas ce matin que je vais pouvoir déjeuner ! Je me suis décidé à prendre de la dramamine. C'est pire maintenant et je commence à me sentir un peu mal, même couché. Terry, est toujours aussi blanc que sa barbe.

On nous annonce que des présentations ont à nouveau lieu. Je voudrais tellement pouvoir y participer et dire que je ne peux pas m'y rendre, j'enrage !

Vers midi, je me suis résolu à tenter une expédition alimentaire. Terry, l'allure cadavérique, m'a demandé de lui ramener quelque chose.

Quel bonheur, j'ai réussi à atteindre la salle à manger ! ça n'a pas été simple et j'ai dû me tenir fermement à toutes les poignées disposées à travers les corridors. Quelle drôle de sensation que de marcher en biais et de se faire secouer dans tous les sens. Le plus génial, c'est de voir les habitués, l'équipage, marcher en se penchant d'un côté puis de l'autre. On en attrape le tournis ! Heureusement, les organisateurs connaissent très bien les conséquences d'un bateau en roulis et ont disposé, dans tous les coins, des sachets pour les cas d'urgence. Ils sont tous imprimés en anglais et mentionnent "pour le mal de l'air"...

Arrivé enfin à la salle à manger, j'ai été terrorisé ! La moitié de la salle était pleine (moi qui croyait être l'un des rares à avoir réussi ce périple !), mais pleine de gens entrain de rire, de parler fort, de manger a pleines cuillères. Moi qui arrivait péniblement a me concentrer sur la direction que je voulais emprunter pour zigzaguer jusqu'à la table la plus proche, je n'en croyais pas mes yeux, ni mes oreilles. Je ne me sentais pas très bien. La soupe hypnotisante au gingembre fut difficile, déjà à attraper, car elle allait d'un bord a l'autre de l'assiette, mais aussi a avaler, car j'avais tout aussi envie de la faire descendre que de la faire remonter...Les gens qui m'entouraient, parlaient et parlaient et riaient, je ne comprenais rien. En regardant de plus près, j'ai pu constater, que je n'étais pas seul dans cette situation. Certaines personnes ne disaient rien, immobiles, la cuillère a mi-chemin entre la bouche et l'assiette. D'autres, très pressées, couraient a travers la salle a manger, une main sur la bouche et de l'autre essayant désespérément de sortir un sac de leur poche ! Bref quel tableau !!! L'Antarctique comme je l'avait rêvé !

J'ai dû avaler une soupe au gingembre. Avaler est un bien grand mot car de soupe il n'y en a pas eu tellement dans mon estomac. J'ai quand même réussi à manger quelques morceaux de pain avec de l'eau. J'en ai d'ailleurs ramené à Terry, qui semble peu décidé à se lever. Il est fabuleux. Je lui ramène 6 tranches de pain et il me regarde, l'air interloqué et presque furieux en me disant "only bread ???" On voit qu'il n'a pas traversé les trois ponts de ce rafiot de long en large pour atteindre la salle à manger !

Petit a petit, le roulis s'est calmé. C'est le soir et le bateau bouge beaucoup moins. J'ai réussi a rester debout une bonne partie de l'après-midi, quel exploit ! J'ai enfin pu suivre une des présentations proposées par l'équipe d'organisation. Il y en a deux à trois par jour. C'est d'ailleurs assez amusant que de suivre ces présentations. Les orateurs, debout à côté de l'écran, se balancent dans le sens du roulis, tout comme leurs diapositives ! Des gens sont couchés par terre, sur leurs couvertures. Ils suivent d'un oeil intéressés les commentaires chargés de vécu de ces aventuriers.

 

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